motivations

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J’ai la chance de pouvoir préparer et vivre ce voyage librement, par goût et par choix, avec de bons équipements. Mais ce projet là n’est pas venu par hasard. Il s’inscrit dans une histoire, dans des histoires de vie liées à des contextes dramatiques.

Une histoire du passé : mon père a traversé la moitié de la France à pied, sur les chemins de l’exode, en 1944. Il n’avait que 7 ans et une paire de galoches à ses pieds.

Des histoires d’aujourd’hui : celles de toutes ces personnes réfugiées, ou en recherche de refuge, n’ayant d’autre choix pour survivre que partirsans savoir où aller.

Il ne s’agit pas d’un nouveau concept du style « bienvenue en randonnée chez les psy», mais sans prétendre analyser ces liens avec l’histoire, je perçois bien que ce désir de voyage est relié avec elle et qu’il intervient dans un contexte d’actions et de menaces terroristes qui désoriente et questionne sur le sens de nos vies. Marcher, c’est apporter ma contribution à une vie où chacun peut prendre le temps de se rencontrer, de se comprendre et d’avancer vers ce qui lui tient à cœur.

Le bien être que je ressens en marchant est difficile à décrire. Je le vis, et ce qui s’impose à moi sur les chemins, c’est que je m’y sens à ma place, tout simplement, et surtout en lien avec le monde. Marcher est un don à l’autre, à soi et au chemin, un don réciproque, où la solitude et les rencontres alternent harmonieusement, où un dialogue riche de simplicité et de sincérité s’instaure aisément, au-delà même d’un parler commun, et où le plaisir « d’accueillir » rencontre celui « d’être accueilli ».

 « Embauché malgré moi dans l’usine à idées

j’ai refusé de pointer.

Mobilisé de même dans l’armée des idées

j’ai déserté.

Je n’ai jamais compris grand chose

Il n’y a jamais grand-chose

ni petite chose

Il y a autre chose.

Autre chose

C’est ce que j’aime qui me plaît

et que je fais. »

«  Malgré moi… »Jacques Prévert

L’Europe, ou plutôt l’union Européenne, pose beaucoup de questions : remise en cause, crise identitaire, quête de perspectives, difficultés de l’union, recul dans la désunion, recherche de ses limites et de ses possibles….. Nous en parlons tous beaucoup mais nous l’agissons bien peu.

« Je n’ai jamais compris grand chose » en matière de politiques, de choix stratégiques, économiques ou d’enjeux de pouvoirs. Et j’ai aussi beaucoup de lacunes en géographie, histoire, cultures et langues.

« Il n’y a jamais grand-chose, ni petite chose, il y a autre chose. » L’autre chose que je désire, c’est d’agir l’Europe en marchant à sa découverte. Il m’importe surtout d’avancer sans cesse vers les autres et vers moi, de nourrir ma curiosité en découvrant des réalités différentes et complémentaires, d’accepter de perdre la sécurité matérielle d’un « chez soi » pour me laisser porter vers l’inconnu et l’ailleurs. La différence n’est pas un danger, c’est une richesse, « c’est ce que j’aime, qui me plaît et que je fais. »

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