Mes chaussures

À l’heure où je vide mon appartement, j’ai passé en revue toutes mes chaussures et j’ai compris quelle importance ces objets usuels revêtaient à mes yeux alors qu’ils ne devraient concerner que mes pieds.

Juste besoin de recoller la semelle pour les noires, de changer l’élastique des lanières pour les blanches ; juste besoin d’ accepter que je me suis condamnée à ne plus porter de talons pendant deux ans, de me résoudre à ne plus vouloir tout réparer, conserver.

Leur histoire s’est terminée dans le local à poubelles le mercredi 17 mai 2017.

La plupart de mes chaussures m’ont été données par ma maman ou ma tata Nadette. J’en ai acheté aussi beaucoup d’occasion, dans des boutiques solidaires ou à Emaüs, à Rouen, dans le Morvan, en Belgique. Tant de personnes s’offrent des chaussures de qualité qu’elles abandonnent ensuite après les avoir à peine portées.

Je les garde depuis 5 ans dans le coffre de ma voiture, au cas où une tempête de neige sévirait en région parisienne, m’obligeant à partir chercher de l’aide à pied. Il fut un temps où ils appartenaient à mon fils aîné, quand il était au collège. Il les a abandonnés pour raison de croissance et mes pieds les ont adoptés. Du Vénézuéla en 2001 jusqu’en Inde en 2010 en passant par Madère et l’Égypte, ces robustes chaussures en cuir m’ont accompagnée sur tous les chemins, et leurs oeillets métalliques faisaient résonner les portails de sécurité dans les aéroports…. que du bonheur.

Elles pèsent si lourd aujourd’hui que je ne peux ni les porter ni m’en défaire. Fort heureusement, j’ai trouvé un acheteur pour ma voiture. Elles partiront donc sans moi pour de nouvelles aventures, qui sait ?