Quelques brèves, sans comptoirs ni transitions…

Quelques brèves, sans comptoirs ni transitions…

Dans le Morvan et en Bourgogne du sud, l’excès de patriotisme des habitants m’a interloquée. Tous ces drapeaux français flottants dans les jardins ou accrochés aux façades des maisons me mettaient très mal à l’aise : extrémisme anti-européen ? erreur de calendrier (serions-nous déjà le 14 juillet) ?…. Plusieurs jours de marche sans réponse à mes hypothèses, mon angoisse grandissait.
Heureusement, j’ai rencontré Wolfgang à Propières, très heureux de m’annoncer la qualification de l’Allemagne : c’est la coupe du monde de foot !!!!!!!!!! Tout s’explique, me voilà soulagée.  
Quand même, si les français étaient bons joueurs, c’est le drapeau allemand qu’ils auraient dû afficher… honneur aux vainqueurs !
 
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maison fantôme et invisible
 M’inviter chaque soir chez des personnes n’est pas anodin. Je découvre des maisons souvent riches d’âme et d’histoire, des jardins témoins du temps qui passe, des intérieurs personnalisés, reflet des goûts et des parcours…. Il me souvient alors que j’habite dans un appartement loué, neutre dans sa blancheur, lieu fonctionnel et sans doute transitoire.
Je suis heureuse de cette légèreté, de cette non possession revendiquée et assumée. Quelques objets conservés me suffisent à recréer les images, à me sentir au chaud dans l’univers intime et douillet de mes souvenirs.
J’aime les maisons qui ne m’appartiennent pas, elles habillent mes rêves. C’est beau, les rêves, surtout ceux qui ne se réalisent pas. Ils peuvent à leur guise vivre et évoluer en moi, aux côtés de mon imagination.
 
Cheminer en quête de sens et de soi !!!!! La spiritualité du chemin….
qui tel un oracle bienveillant me guiderait vers un avenir conforme à des souhaits que j’ignore encore.
Au risque de vous décevoir, je dois vous dire qu’aucune illumination transcendante ne m’a été révélée.
Je suis simplement admirative et un peu fière de la vaillance de mon corps qui fonctionne à merveille et sans douleur, me laissant ainsi tout le loisir d’admirer et de profiter de la beauté des chemins.
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Marcher me rend heureuse et je suis pleinement consciente du luxe que je me suis offert en m’accordant ce temps.
Le chemin au fil des pas absorbe toutes les pensées, pour n’en conserver que les questions existentielles :
– si je lave mes chaussettes ce soir, seront-elles sèches demain matin ?
– Où dois-je m’arrêter pour trouver à m’héberger ?
– l’épicerie dans le prochain village sera-t-elle ouverte ?
C’est tellement reposant, de s’en tenir là s’en s’interroger sur les choix de projets d’avenir.
 
Colette, ma brunette de nièce, m’a adressé par texto sa question du moment à méditer : « notre vie nous appartient-elle ? » Je vous offre ce sujet en partage, histoire d’élever un peu le débat ! (pas d’inquiétude, les copies ne seront pas jugées ou corrigées, le bac philo, s’est terminé et déjà attribué !)
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Je me suis baignée dans la rivière du Garon mais impossible de trouver l’anneau ….
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au secours Gandalf, Légolas et toute la troupe !
 
 J’avais dans mon armoire une tunique en soie, que je conservais à l’étage des soins palliatifs, usure oblige. Comment ne pas emporter avec moi ce doux vêtement qui m’a accompagné en Inde et dans de précédentes marches ? La soie, c’est indispensable : frais quand il fait chaud, chaud quand il fait frais, léger, séchant rapidement. Sans parler de ma coquetterie : cette tunique était parfaitement assortie à la couleur de mes sandales.
Et voilà le résultat après quelques semaines de marche ….
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Obstination déraisonnable ?
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la soie, quand c’est cuit, c’est cuit !

J’ai procédé à plusieurs opérations pour raccrocher le bras gauche, réparer l’épaule droite, consolider les poignets… et pendant ce temps, le dos partait en déconfiture.

Peine perdue, il me faut accepter cette fin de vie et cesser de m’acharner ainsi. Je vais me sentir fragile sans elle, incomplète et un peu nue.
Réalités incontournables de l’inéluctable temporalité, faciles à énoncer, douloureuses à vivre, mais indispensables à assumer pour continuer d’avancer.
Voilà, je vous annonce que j’ai jeté aujourd’hui ma tunique. J’aurais préféré une crémation, mais les feux sont interdits l’été dans la région.
 
Quand je pense que certains soulignent mon caractère si peu matérialiste !
 
 
 
 
 
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